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Des virus pour nous sauver au lieu de nous tuer

Dernière mise à jour : 31 janv. 2022


Vous n'êtes évidemment pas sans savoir qu'un petit virus frappe aujourd'hui notre monde et bouleverse notre société telle que nous la connaissons. Un être, ce qui est d'ailleurs discutable, microscopique qui est parvenu en quelques mois seulement à menacer l’équilibre même de notre système pourtant si bien rodé. En effet, nous nous sommes retrouvés masqués, isolés, confinés etc… Et pourtant les gouvernements et les scientifiques ne parviennent pas à trouver de solution miracle contre ce virus qui nous menace tous et sème la discorde.



Bien avant tout ce vacarme créé par ce virus intercontinental, l'image que nous avions des virus n'était déjà pas très élogieuse: sans trop savoir ce qu'ils sont, nous les mettions naïvement dans la même catégorie que les bactéries car depuis notre plus jeune âge on nous apprends que l’on tombe malade par leur faute. En clair: les virus n'ont jamais eux la cote.

Et pourtant, aussi étonnant que cela puisse paraître, les virus peuvent avoir des allures d'anges, oui des allures d'anges. Il s'avère que certains virus sont des ennemis de cancers et ont parfois tendance à détruire les cellules qui sont attaquées par cette maladie qui touche aujourd’hui tant de nos proches.

Avant d'en venir à cette déclaration douteuse sur les allures d'anges des virus, il est important de comprendre un minimum

ce qu'est un virus et ce qu’est un cancer. Il est assez difficile de décrire un virus car le débat cherchant à déterminer si les virus sont vivants ou non ne cesse de faire du bruit. Dans tous les cas, ce qu’il est important de savoir c'est que les virus sont des agents infectieux qui ont besoin d'un hôte pour se multiplier et peuvent provoquer des maladies. Alors bien évidemment si un virus pénètre notre organisme nous ne serons pas forcément malade car notre corps possède une multitude de défenses contre les virus infectieux.


Pour ce qui est de la description d’un cancer, ce n'est pas non plus évident car l'appellation cancer regroupe une multitude de maladies et concerne des parties du corps différentes. C’est pour cette raison que l’on parle de cancer du poumon, cancer du larynx, cancer de la prostate, etc … Le principe est cependant plus ou moins le même: nos organes sont constitués d'une multitude de cellules qui subissent naturellement et régulièrement des mutations (qui sont parfois amplifiées par certains facteurs cancérogènes comme le tabagisme). Les mutations sont des modifications de notre génome et il peut arriver que certaines mutations provoquent de tels changements de régulation dans une cellule que cette dernière ne réponde plus de ces fonctions, se divise et prolifère excessivement. L’amas de cellules résultant de cette prolifération s’appelle une tumeur. Les tumeurs qui ne sont pas bénignes (sans gravité) sont nommées malignes. Le problème des tumeurs malignes c’est qu’en plus d’attaquer les tissus environnants, elles produisent des tumeurs filles (métastases) qui se propagent à travers le sang ou la lymphe et vont attaquer d’autres tissus ou organes.

Maintenant que tout cela est un peu plus clair, nous allons pouvoir comprendre le lien entre les virus et les cancers.



Nous allons parler du cas très médiatisé et impressionnant de Stacy Erholtz qui va nous en apprendre plus sur ce qu'on appelle la virothérapie. Cette américaine, qui lors des faits en 2013 était âgée de 49 ans, subissait un cancer de la moelle osseuse depuis une dizaine d'années. Pour être plus précis on parle de myélome : cancer qui attaque les cellules plasmocytes (pour faire simple ce sont des cellules impliquées dans la défense immunitaire). Après tous les traitements possibles, rien n'y fait: Stacy Erholtz se voit presque contrainte d'accepter son sort et de vivre le plus longtemps possible avec son cancer. Un soir pourtant, elle entend parler dans les médias d'une nouvelle technique toujours en phase de test qui vise à soigner des personnes atteintes de cancer. Elle demande alors à son docteur Stephen Russell de devenir un cas clinique et elle se porte volontaire en tant que cobaye en dépit de tous les traitements précédents qu’elle à suivi et qui ont toujours abouti au même et inévitable échec.


C'est alors qu'une lueur d'espoir renaît, lorsque Stacy commence le traitement. Elle se fait injecter une dose faramineuse du virus de la rougeole dans l’espoir que ceux-ci attaquent et détruisent les cellules cancéreuses. On lui injecte une dose suffisante pour vacciner 10 millions de personnes! Les premières heures suivant l'injection sont accompagnées d'une horrible migraine et de fortes nausées. Toutefois, 36 heures plus tard, le plasmocytome (tumeur développée à partir de plasmocytes) dans la tête de Stacy et qui était de la taille d'une balle de golf disparaît complètement. C'est à ce moment que les médecins comprennent que le cancer de Stacy Erholtz est guéri. Malgré quelques complications par la suite, son cancer finit par disparaître complètement et Stacy se porte aujourd’hui très bien, bien mieux que pendant les 10 années de sa vie passées sous le joug du cancer.



Prenons un moment pour digérer cette fabuleuse histoire et revenons-en à cette histoire de virothérapie. La virothérapie c'est exactement la stratégie thérapeutique suivie par Stacy. Il s'agit d'un traitement visant à soigner les patients grâce à l’élimination ou la reprogrammation de certaines cellules dysfonctionnantes et nécessitant l'aide de virus. Cette technique semble parfaite mais n'est malheureusement pas assez au point pour pouvoir être utilisée à grande échelle. En effet, le cas de Stacy relève du miracle: plusieurs patient avant elle avaient été soignés par virothérapie mais il s'agissait à chaque fois de cancer localisés, contrairement au cas de Stacy. En clair, le cas de Stacy est le premier cas clinique de virothérapie contre un cancer généralisé, c'est-à-dire un cancer qui s'est répandu à l'ensemble du corps. Les cancers généralisés sont normalement les plus difficiles à soigner car il ne suffit pas de cibler une zone mais de toucher à plusieurs tissus ayant des propriétés et des fonctions différentes. Pour réaliser cette prouesse, les virus sont génétiquement modifiés, à l'image des vaccins, afin de cibler les cellules cancéreuses. Le succès d’une guérison par virothérapie tient également du fait que les débris des cellules cancéreuses détruites par les virus vont stimuler le système immunitaire et renforcer l’action de la destruction de la tumeur. Néanmoins, cette performance ne peut être accomplie que si le patient est immunodéficient car sinon les virus sont attaqués par les cellules du système immunitaire avant même de pouvoir atteindre les tumeurs. Il faut donc garder à l'esprit que le cas de Stacy est un exploit et que sa guérison à réussi grâce à de nombreux facteurs favorables.


L'espoir est tout de même permis même si tout cela reste encore brumeux et que le cas de Stacy Erholtz consiste en une pépite de réussite au milieu d'échecs oubliés. Des études sont menées dans le monde entier afin de trouver le remède miracle qui parviendra enfin à terrasser le cancer. Cependant il s’agit de garder à l’esprit que le cancer n’est pas une seule et unique maladie mais une multitude de maladies qui nécessitent une multitude de traitements. Si vous voulez vous éloigner un peu du cas particulier de Stacy et en apprendre plus sur le sujet, n’hésitez pas à aller jeter un coup d'œil aux travaux de Jean-François Fonteneau (travaux en français!).



Article écrit par Robin Dutriaux





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