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Le Vietnam devient le second pays à interdire le glyphosate

Dernière mise à jour : 15 avr. 2019

Deuxième pays au monde, après le Sri Lanka en 2015, à interdire le glyphosate, le Vietnam répond aux attentes de nombreux mouvements écologistes contre la présence de ce produit. La menace sur l’environnement et les organismes que représente le glyphosate ont convaincu le ministère de l’agriculture et du développement rural vietnamien à interdire le pesticide.

Le Vietnam a évoqué la toxicité et la menace pour l'environnement de ce produit. Crédit photo : Tong_stocker / Shutterstock

C’est la seconde condamnation de Monsanto, en mars, qui a fait réagir l’État vietnamien. Son produit Roundup a été établi comme « un facteur dans le déclenchement du cancer » d’Edwin Hardeman, selon le jugement rendu en Californie. La première condamnation, en faveur de Dewayne Johnson, également atteint d’un cancer, avait eu lieu en août 2018. Une toxicité pour les êtres humains, mais aussi pour l’environnement, qui a convaincu le ministère de l’Agriculture de ce pays d’Asie du Sud-est, à interdire son utilisation.


Le glyphosate était autorisé au Vietnam depuis 1994, et présent dans plus d’une centaine de produits commercialisés dans le pays. « À de nombreuses reprises, le ministère de l’agriculture américain nous a partagé des études scientifiques de l’Agence américaine de protection de l’environnement concluant que le glyphosate ne posait probablement pas de risques cancérigènes pour les humains», a déploré le ministère vietnamien.


Le ministère de l’agriculture américain a laissé entendre qu’il pourrait attaquer le Vietnam à l’OMC


Après l’annonce de l’interdiction du glyphosate dans le pays, le ministre de l’Agriculture américain Sonny Perdue a réagi, jeudi 11 avril, pour défendre la molécule : « Nous sommes déçus par cette décision », en ajoutant : « Si nous voulons nourrir dix milliards de personnes en 2050, les agriculteurs du monde entier doivent avoir accès à tous les outils et technologies à leur disposition ». Critiqué pour ses liens avec les lobbyistes de Monsanto, le ministre affirme, par ailleurs, que le Vietnam n’a pas respecté l’obligation de notifier ce changement réglementaire à l’Organisation mondiale du commerce, suggérant ainsi un possible recours devant l’institution.


L’agent orange, l’arme chimique de Monsanto que le Vietnam n’a pas oublié


Ce n’est pas la première fois que le Vietnam s’oppose aussi frontalement à Monsanto. Depuis plusieurs années, le pays a engagé une bataille judiciaire afin que le géant de l’agrochimie indemnise les victimes de l’agent orange, une arme toxique extrêmement puissante et nocive, employée par l’armée américaine durant les années 60, pendant la guerre du Vietnam, avant que son utilisation ne soit stoppée, en 1971. On estime qu’il y a plus de trois millions de Vietnamiens qui sont souffrent encore aujourd’hui des dégâts causés par l’agent orange, à cause notamment la dioxine contenue dans ce produit chimique.


Un manque d’alternatives compétitives


Désherbant le plus répandu au monde, le glyphosate est classé « cancérigène probable » depuis 2015 par le Centre international de recherche sur le cancer, une agence de l’Organisation mondiale de la santé.

Précurseur de ce mouvement de retrait sur le glyphosate, c’est le Sri Lanka qui a, le premier, décidé en 2015 d’interdire le produit.

Tandis que le gouvernement français a, lui, promis que le glyphosate serait interdit d’ici 2021 pour la plupart des cas et totalement supprimé à la fin 2022. Des délais qui provoquent toujours une déception, et une incompréhension forte, dans certains groupes écologistes.


Toutefois, le Sri Lanka, qui l’avait totalement interdit, est revenu partiellement sur cette décision en 2018, pour permettre son utilisation pour le thé et l’hévéa. Face au retour du désherbage à la main, un travail éreintant et moins compétitif, ou au recours à d’autres herbicides, qui ont causé des problèmes à l’exportation du fait de la présence excessive de résidus d’herbicides non reconnus, le retour semblait évident.


Un constat du manque d’alternatives compétitives que tire Didier Guillaume, ministre français de l’Agriculture et de l’Alimentation, invité sur RMC / BFMTV ce matin, le 12 avril : « j’adorerais pouvoir dire que l’on arrête les pesticides aujourd’hui et que tout ira bien, mais la réalité c’est qu’il faut éviter une catastrophe économique pour nos agriculteurs […] et qu’il y a certains pays dans le monde où, sans pesticides, il n’y a tout simplement pas d’agriculture compétitive, et c’est pour cela qu’il faut travailler et aider pour la recherche et le développement de l’agroécologie ».


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