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Surpêche: le cataclysme des océans ⚓

Dernière mise à jour : 27 août 2022




Il y a une semaine, le jeudi 3 février, l’ONG Sea Shepherd photographiait et partageait sur ses réseaux sociaux des clichés de dizaines de milliers de poissons, avérés être des merlans bleus, morts échoués dans l’Océan Atlantique, dans le Golfe de Gascogne. Ces poissons, normalement utilisés pour fabriquer du surimi, auraient été rejetés par le chalutier le Margiris. Son excuse? Un filet se serait rompu et aurait relâché tous ces poissons dans l’océan. Pour Lamya Esssemlali, la présidente de Sea Shepherd, il s’agirait plutôt de captures accessoires: le navire aurait pêché cette espèce accidentellement au lieu de celle qui l’intéressait, et aurait relâché les poissons morts ou agonisants en mer.

Pour l’instant, rien n’est sûr, et Annick Girardin la ministre de la mer, s’est exprimée à ce sujet en expliquant qu’une enquête administrative avait été lancée.


Ces images impressionnantes nous interpellent sur la façon dont la pêche est gérée à bord de ces énormes chalutiers. Prenons l’exemple du Margaris: ce monstre des mers de 143 mètres de long naviguant sous le pavillon lituanien peut pêcher 250 tonnes de poissons par jour, une quantité astronomique, même pour un navire de cette taille. En 2019, il avait déjà été accusé par les ONG et pêcheurs locaux, d’épuiser les ressources de poissons disponibles. Pourtant, il respecte les quotas et pêche en toute légalité dans les eaux françaises, contrairement aux eaux australiennes et chiliennes dans lesquelles il lui est déjà interdit de pêcher et d’accoster suite aux dépôts de plaintes des filières de pêche locale.

Ces quotas européens, jugés bien trop élevés par Greenpeace, sont déterminés par l’Union Européenne. Ils participent à l’augmentation de la surpêche, en permettant aux chalutiers de pêcher plus que ce que l’écosystème marin peut offrir.

Cette industrialisation de la mer causée par ces chalutiers gigantesques participe grandement à la destruction et l’extinction de masse de la faune et de la flore marine, notamment à cause de l’utilisation de techniques de pêche ravageuses.



Deux catégories de techniques sont particulièrement destructives. Premièrement, il y a les chaluts non sélectifs qui pêchent énormément de prises accessoires (capture d’espèces non ciblées et parfois vulnérables). En effet, d'après la FAO (Organisation des Nations-Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture), les prises accessoires représentent 27 millions de tonnes d’animaux par an, et la pêche des crevettes serait la plus dévastatrice car les mailles des filets sont plus serrées. Ainsi, pour pêcher la crevette tropicale, ce sont parfois 10 autres espèces qui sont remontées. Et il ne faut pas oublier le problème de la pêche fantôme lorsque les filets sont perdus en mer et qu’ils continuent à piéger des animaux pendant des mois voire des années!

La seconde catégorie de techniques consiste à utiliser des filets de pêche de fond qui, en parallèle de la détérioration des écosystèmes marins, raclent les fonds marins et libèrent le CO2 stocké au fond des océans. De plus, ils sont l’une des causes de la mortalité croissante d'espèces à faible taux de reproduction comme les requins, les éponges et les coraux. S'ajoutent à ces fléaux les autorisations insensées de pêcher quotidiennement d’immenses quantités de poissons ainsi que le problème de la pollution de nos océans. Vous pouvez imaginer la pression que subit la biodiversité marine. Une multitude d’articles scientifiques démontrent la corrélation entre la surpêche et la menace d’extinction de nombreuses espèces marines telles que le Thon Rouge du Pacifique ou l’Esturgeon Européen. Pourtant, nous continuons à retrouver ces espèces dans nos assiettes.





Des chercheurs et des ingénieurs ont tenté de trouver des solutions à ce désastre. Nous pouvons notamment mentionner l’exemple de la pisciculture, ou en d’autres termes l’élevage de poissons. Même si elle semblait conférer des avantages (pas de destruction d’habitats, pas de captures accessoires, pas d’invasion au large des côtes etc.), cette méthode s’est révélée être autant problématique que la surpêche car les poissons d’élevage sont nourris à partir d’espèces issues de cette même surpêche.


Et la pêche durable alors? Les connaissances en écologie marine d’aujourd’hui nous permettent de connaître l’évolution d’une population piscicole au cours du temps, et de savoir quelle quantité de poissons l’on peut pêcher sans porter préjudice à la survie de cette population. Autrement dit, il s’agirait de consommer « l’excès » de poissons et de laisser la quantité nécessaire à la régénération des stocks par la reproduction. Cette pêche durable est promise par de grands labels et soutenue par de nombreuses ONG. Mais comment vérifier que tous les chalutiers soutenus par ces labels respectent cette pêche durable? Ce blue-washing, ne serait-il pas comme le Green Washing: une simple technique marketing?

D’après GreenPeace, une des solutions serait d’augmenter le nombre et la taille des aires protégées, et plus précisément de sauvegarder 30% des océans. En France, même si 23,5% des mers françaises sont « protégées », seulement 1,6% profitent d’une protection réelle où la pêche, artisanale ou industrielle, est interdite. Il y a encore un long chemin à parcourir avant d’atteindre ces 30%. Peut-être faudrait-il donner plus d’information au consommateur sur la nature et la provenance du poisson qu’il achète, pour lui permettre d’être plus conscient et d’avoir confiance dans le produit qu’il consomme. La solution la plus concrète et efficace est bien entendu l’adoption d’un régime végétarien ou au moins la diminution de la consommation de poisson.



Gardons espoir même si ces images représente la triste réalité actuelle...





Article rédigé par Elisa Sabourin-Vollaire


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